Atos face à son histoire

Le groupe Atos, issu de la fusion des sociétés Axime, Marben et Sligos, s’est construit à partir d’acquisitions importantes. On se souvient aisément des actifs cédés par Philips (pour créer Atos Origin), Sema Group et Bull, parmi les plus importants. La croissance a donc été portée par ces fusions et rachats massifs. Dans la plupart des cas, le groupe augmentait significativement ses effectifs et son chiffre d’affaires en France. Malheureusement, si on observe les périodes entre les acquisitions, on observe une décroissance organique et une répartition des effectifs davantage centrée sur l’offshore. La courbe des effectifs dessine ainsi un toit d’usine, avec des montées soudaines suivies d’une nette décrue.

Ce modèle a eu des effets bénéfiques sur le groupe, qui voyait sa part de marché augmenter avec le chiffre d’affaires acquis. Le revers de la médaille, c’est que le groupe n’a jamais pris le temps de créer un réel esprit d’entreprise, un collectif de travail, des méthodes et informations partagées. Lors d’une fusion, chacun se demande quelle sera sa place, voire même s’il y en aura une. C’est humain, la réaction est souvent de se rendre indispensable, en gardant jalousement pour soi les informations utiles, voire indispensables à la bonne marche de l’activité. Et si je dois partir, que m’importe le devenir des devis, production, factures… ? Bien sûr, chacun s’en défendra. Bien sûr, le groupe ignore tout ce qui lui est ainsi caché, chacun s’accommodant des informations disponibles ou glanées auprès des uns ou des autres.

Les réorganisations ont aussi contribué à ce climat délétère. Aujourd’hui, plus personne ne sait dire quel est son champ d’action. Qui doit faire ci ou ça ? Qui arbitre entre une industrie et une practice ? Le flou est partout, avec le risque engendré.

La situation est devenue insoutenable. Une nouvelle réorganisation ne ferait qu’ajouter à la confusion. L’heure est à la simplification, la clarification, la cohésion. Atos doit apprendre à générer de la croissance organique. Elle ne peut que reposer sur un assainissement de la situation actuelle, une libération de l’activité des chefs de projets et de l’encadrement en diminuant les tâches administratives, une véritable cohésion, un esprit d’entreprise, un projet d’avenir.

Retour en haut