Lettre ouverte
La CFDT a adressé la lettre ouverte ci-dessous au CEO Paul N. SALEH et au DRH du groupe Atos PAUL Peterson, en espérant une action de leur part.
Bien que la CFDT aurait aimé trouver un consensus sur ce sujet délicat, nous laissons le choix aux salariés de trancher la question.
Par ailleurs, d’autres communications suivront pour expliquer en détail aux salariés, la situation, ses tenants et aboutissants et ainsi leur permettre de prendre une décision éclairée.
Le message de la CFDT
A
Monsieur Paul Saleh, CEO du groupe Atos,
Monsieur Paul Peterson, DRH du groupe Atos,
Le groupe Atos est dans une situation difficile depuis plus d’un an. L’incertitude relative au devenir du groupe pèse sur sa capacité à retenir les salariés et à recruter. L’avantage différentiel du groupe dans ce domaine est son socle social, construit patiemment au cours des dernières décennies. La CFDT a été un fer de lance dans les négociations ayant permis l’émergence progressive de ce progrès social responsable, bénéficiant à la fois aux salariés et à l’entreprise.
La direction française du groupe a pris la décision courtermiste de se désengager de la santé des salariés. Du fait de l’augmentation des coûts de santé, l’ensemble des cotisations de la mutuelle (part employeur et par salarié) doit augmenter de 12%. Depuis 2015, année de conclusion de l’accord toujours en vigueur, la répartition entre employeur et salarié a toujours été la même. Cette année, la direction France ne veut pas augmenter sa cotisation de 12% mais seulement de 9%, laissant les salariés ajouter à leur 12%, les 3% restants que la direction refuse de payer.
Le directeur des affaires sociales a d’ores et déjà annoncé un gel des salaires pour 2024, alors que des augmentations annoncées pour janvier 2024 ont déjà été remises en cause. Les salariés français n’ont hélas aucune garantie légale d’indexation de salaires sur l’inflation, contrairement à certains de leurs collègues européens (Belgique, Allemagne…). Or, une augmentation de cotisation identique à +9% pour les salariés et le groupe, assortie d’une augmentation générale des rémunérations de 3% (contre 7% en Allemagne), aurait permis le retour à l’équilibre du régime frais de santé.
Aujourd’hui, les cotisations sont réparties entre l’entreprise pour 49,97% et les salariés pour 50.03%. Demain, la direction propose de baisser son ratio à 48,64% et de faire peser ce désengagement sur les salariés ayant souscrit l’option conjoint payant, via une augmentation de 50%. Ceci s’ajoute aux +9% sur les cotisations pour tous les salariés. Nous pensons que ces augmentations disproportionnées pour les salariés, conjuguées avec une stagnation des salaires, feront une fois de plus fuir les salariés et compliqueront les nouvelles embauches. Pour une économie de moins de 25 000 € par mois pour l’entreprise, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pour toutes ces raisons, la CFDT n’a pas signé cet avenant n°5 qui fixe cette nouvelle répartition. Dans l’incapacité de recueillir un ensemble de signatures majoritaire, la direction a souhaité s’engager dans un référendum coûteux qui aura pour conséquence d’opposer les salariés entre eux. De plus, cela risque d’alimenter les rumeurs négatives dont Atos fait l’objet. Au moment où le groupe, dans la tourmente, fait les plus grands efforts pour en sortir, est-ce vraiment pertinent ? Pour la CFDT, la mutuelle, comme le socle social en général, est porteuse d’une symbolique forte de solidarité, de santé et de famille, où se concentre l’espoir des salariés d’un lendemain plus favorable et il serait dangereux de l’abattre.
C’est pourquoi la CFDT s’interroge sur l’orientation souhaitée par le groupe : le démantèlement de ce socle social est-il programmé ? Si c’était le cas, cela augurerait d’un virage notable dans l’histoire sociale du groupe en France, entachant irrémédiablement la perception et la projection d’avenir pour les salariés.
La CFDT et les autres organisations syndicales représentatives ont accepté le principe de l’augmentation de 12% des cotisations pour assurer les frais de santé. Responsables, nous sommes toujours ouverts à une discussion pour garantir la couverture de la mutuelle sur la base d’une augmentation équitablement partagée entre le groupe et les salariés, à hauteur de 12% chacun.
La CFDT, comme toujours prête à communiquer, espère que le groupe saura préserver l’un de ses derniers atouts et prendre la bonne décision dans ce dossier.