Poursuite de l’offshorisation de la finance

Indéniablement, il est aisé de constater l’importance de la fonction finance au sein des grands groupes. La communication financière aux marchés est un incontournable de la vie des sociétés cotées. Elle doit se conformer à des contraintes réglementaires très fortes. Les acteurs boursiers réagissent très fortement aux nouvelles en écart avec leurs prévisions. L’alerte sur les résultats émise ce mois-ci a fait dévisser l’action de plus de 16% en quelques minutes. Le cours de l’action Atos a même été réservé à la baisse (suspendu) pendant plusieurs minutes.

Par conséquent, la qualité du travail comptable et financier est essentielle. On se souvient des déboires du groupe Atos avec ses filiales américaines, pour lesquelles les commissaires aux comptes n’ont pas pu certifier les résultats. Cela a affecté la confiance des marchés financiers et le cours de l’action.

En interne, la fonction finance fournit les données à tous les cadres qui pilotent les activités et le commerce. Du chef de projet au conseil d’administration, en passant par les cadres intermédiaires, les directeurs et les commerciaux, tous ont besoin de suivre des indicateurs, suivre et piloter la production, préparer et suivre la facturation et la trésorerie, administrer les ventes pour atteindre les objectifs du groupe, etc…

La France, aujourd’hui comme hier, accueille le siège du groupe et le plus grand nombre de salariés en Europe. Toute entreprise internationale doit être exemplaire sur son marché. La finance en France est donc vitale.

Au fil des ans, le groupe a connu une inflation de son administration. Désormais, il faut plusieurs validations pour un déplacement, consulter plusieurs tableaux Excel complexes pour émettre une facture, remplir des formulaires à envoyer via des outils ou le mail, et ce ne sont que quelques exemples. Les managers, les commerciaux, qui devraient être tournés vers les clients du groupe, font double travail en reprenant des données financières complexes pour assumer des tâches dont ils devraient être déchargés. La situation est devenue intenable.

Chaque salarié de l’entreprise est important. Chacun est un acteur nécessaire du groupe. Les managers et les commerciaux ne peuvent pas se passer d’informations de qualité. Le travail des salariés (qu’ils soient développeurs, consultants, analystes d’exploitation, etc) ne doit pas être mis en danger par un pilotage inadapté, issu d’une mauvaise gouvernance. Nul ne peut ignorer le risque qui pèse sur l’emploi en France lorsque l’action suit un cours erratique, avec de fortes chutes, comme ces douze derniers mois. Aucun salarié ne souhaite que son activité soit interrompue, externalisée ou délocalisée. Il en va de la responsabilité du conseil d’administration du groupe. Des milliers de familles dépendent de ses décisions. La CFDT rappelle à nos dirigeants qu’ils devront répondre moralement de leurs actions.

Pour la CFDT, les salariés de la fonction finance, parce qu’ils sont vitaux pour l’activité du groupe en France et au global, doivent être qualifiés et travailler en France. Pour cette raison, la CFDT demande que le projet de délocalisation des services finances soit revu pour renforcer l’activité en France, sur la base d’une réflexion de fond sur la simplification de l’administration dans laquelle Atos se noie. Pour la CFDT, il est préférable d’avoir des salariés compétents en France, avec des salaires décents, pour rendre un service adapté et rationnel, plutôt qu’une organisation internationale dysfonctionnelle mettant en danger le groupe et l’emploi.

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