Accompagnée de Philippe PORTIER, notre secrétaire national chargé de la politique économique et de l’industrie, et de Marie BUARD, secrétaire générale adjointe de la fédération F3C CFDT, la CFDT Atos a été reçue au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique et a transmis une lettre au Gouvernement et au Président de la République française :
La CFDT Atos, première organisation syndicale du groupe Atos, alerte le Gouvernement et le Président de la République quant à l’impact d’une campagne de déstabilisation dont le groupe fait l’objet et les interpelle sur la nécessité d’une clarification rapide qui mettrait un terme à toutes ces intrigues néfastes pour l’emploi en France et dans le monde.Depuis plusieurs mois, une campagne de presse, que l’on peut qualifier d’Atos bashing, est déployée avec minutie, jouant avec le cours de l’action. C’est un acharnement sans précédent contre le groupe Atos et certaines de ses activités les plus florissantes et différenciatrices, au premier rang desquelles figure la cybersécurité, avec ses 1000 salariés en France. Ces hostilités ne peuvent avoir pour objectif final qu’un dépeçage complet de l’ensemble des 11 000 salariés en France et des 110 000 dans le monde, en bonne et due forme, avec entre autres le soutien de fonds d’investissement américains(1).
Le dernier classement Gartner® positionne Atos numéro 1 mondial des services de sécurité managés. Ces activités témoignent d’une part de la confiance que les clients accordent au groupe Atos et d’autre part de l’engagement indéfectible de ses salariés. Il est indéniable qu’elles puissent donc susciter d’énormes convoitises. Elles sont imbriquées dans les autres activités d’Atos, pour assurer une offre intégrée complète. C’est pour cette raison que la vente séparée des activités big data et sécurité (BDS) n’aurait pu en aucun cas être envisagée. De surcroit, cette branche rassemble des salariés de différents services, sociétés juridiques et périmètres sociaux, répartis dans le groupe, sur plusieurs sites géographiques, notamment en France.
Le groupe Atos évolue désormais sous l’œil attentif du gouvernement qui affirme « suivre de près l’évolution de la société informatique Atos, qu’il considère comme un actif stratégique ». Afin de relancer sa croissance et se redresser, le groupe a annoncé le 14 juin un nouveau projet de plan stratégique sur 5 ans.
Ce projet prévoit la scission du groupe en 2 sociétés. Comme indiqué dans le communiqué de presse des élus du CSE Central d’Atos France du 16/06/2022(2), « la première concerne l’activité Tech Foundations, qui constituerait le futur socle du nouvel Atos, son expertise pour fournir les solutions de Cloud Souverain et d’infrastructures d’importance vitale. Cette branche semble avoir une perspective encore pleine d’actualité et d’avenir au regard de l’évolution de la situation mondiale ». Elle bénéficiera d’un plan de financement de 1,1 milliard d’euros pour accélérer sa croissance rentable. « La seconde, qui devrait s’appeler Evidian, se composerait principalement des lignes de métier actuelles Digital et Big Data et Sécurité (BDS). Elle mènerait les projets de transition, y compris des applications, vers le cloud public. Evidian se concentrerait sur les besoins croissants et stratégiques en cybersécurité, en Big Data et en analytique, en ciblant des marchés à forte croissance et à marge élevée. Elle se structurerait commercialement et technologiquement, de manière indépendante, afin de concurrencer les autres acteurs du marché. »
Ce projet, qualifié de « plan de sauvegarde », doit être réalisé dans sa version la meilleure, dans le cadre d’un dialogue social avec les représentants du personnel qui « seront vigilants quant au maintien et à la protection de l’emploi »(3), notamment en France et en Europe.
Depuis ces annonces, les rumeurs de rachat par Thales « d’activités, de salariés, triés (moins de 1000 en France) », se sont intensifiées dans la presse. Elles vont jusqu’à profiter de la période postélectorale flottante de constitution des équipes ministérielles et des passations, pour mettre Bercy et le gouvernement « à contribution et en complicité supposée » d’un plan à but purement et simplement lucratif et de prééminence commercialo-financière. Il aurait pour conséquence le démantèlement d’un fleuron de l’industrie du numérique dont la résilience s’appuie sur ses clients et ses salariés sur qui il peut toujours compter et qui comptent toujours sur lui. Un groupe, qui investit(4), recrute, forme(5), gagne des contrats(6)…
Ces manœuvres délétères de lobbyiste politico-financier et ses donneurs d’ordres ne leurrent personne ! Leur objectif ? Affaiblir et déstabiliser le groupe Atos, instiller le doute quant à la concrétisation et la réussite du projet de sauvegarde et de relance présenté et attiser les inquiétudes et les peurs des salariés quant à leur avenir professionnel et la pérennité de leur entreprise. Un anéantissement pur et simple de leurs conditions de travail !
La CFDT Atos déplore ces méthodes et les combattra avec force !
Dans un environnement où la concurrence est féroce, est-il convenable, pour entériner une suprématie forcée sur la sécurité, d’invoquer la souveraineté nationale, la nécessité d’avoir un seul champion qui entend « mener sa barque en solo »(7), raflant les plus gros budgets d’aide publique à la recherche, les plus importants mécanismes et aides pour le maintien de l’emploi, les marchés publics ?
Pourtant la joint-venture Athea, créée en 2021, incarne parfaitement ce que Atos et Thales peuvent faire ensemble pour la défense, le renseignement et la sécurité intérieure de l’État. L’émulation n’est-elle pas le meilleur vecteur d’excellence et d’innovation ? Qui peut croire que l’État voudrait s’en passer pour s’enfermer dans un monopole dans le seul objectif de servir des appétits démesurés purement financiers avec des impacts sociaux dévastateurs pour 11 000 familles en France et 110 000 dans le monde ?
Dans le communiqué de presse du 16/06/2022(2), les élus du CSE Central d’Atos France ont également demandé « le soutien du gouvernement pour maintenir l’activité en France des 2 nouvelles entités dans les prochaines années, afin d’éviter des plans sociaux, des externalisations, voire la revente d’une des 2 futures structures économiques. » L’ensemble des syndicats du groupe Atos s’est joint à cette demande(2).
La CFDT Atos, première organisation syndicale du groupe Atos, réitère cette demande et alerte le Gouvernement et le Président de la République quant à l’impact de cette campagne de déstabilisation sur nos salariés, nos clients et les interpelle sur la nécessité d’une clarification rapide qui mettrait un terme à toutes ces conspirations purement financières. Il serait inconcevable que l’État en soit, fût-ce involontairement, le complice.
(1) Cybersécurité : « Pour Thales, la proie Atos est tentante » (lemonde.fr)
(2) Restructuration du groupe ATOS – CSE Central – CFDT Atos (cfdt-atos.org)
(3) Atos : l’État “attentif” à l’évolution de l’actionnariat du groupe (bfmtv.com)
(4) Informatique quantique : Atos investit 60 millions d’euros, la filière angevine revit (latribune.fr)
(5) Atos lance un Boot Camp international pour séduire les jeunes diplômés (capcampus.com)
(6) Atos accompagne l’OTAN dans la modernisation de ses systèmes de cybersécurité – Atos
(7) Défense européenne : Thales tenté de mener sa barque en solo ? – Contrepoints